Les perspectives du secteur de l'emballage :

Des matériaux d'emballage créatifs et innovants ont-ils attiré votre attention ces derniers temps ?

Le secteur de l'emballage connaît de nombreux changements novateurs. Les substrats en papier classiques sont toujours employés, mais on trouve de plus en plus souvent des solutions hybrides contenant jusqu'à 30 % de biomatériaux. Un projet expérimental néerlandais tente par exemple de remplacer le papier par de l'herbe à éléphant.

Avec sa croissance rapide et ses propriétés écologiques, le bambou est un matériau particulièrement attrayant, mais son transport d'un continent à l'autre risque de poser un problème éthique. Par ailleurs, ce matériau étant souvent associé à l'écoblanchiment, nous devons apprendre à identifier les véritables opportunités de durabilité.

Lorsque nous recherchons une alternative au papier, nous devons nous demander ce qui ne va pas avec le papier : pourquoi devons-nous le combiner à un autre matériau ?

De nombreux projets expérimentaux visant à remplacer le plastique par le papier sont en cours. Une entreprise que je connais bien a choisi de remplacer le plastique par du papier uniquement sur de petites séries dans la mesure où il subsiste encore quelques incertitudes sur la viabilité et la pertinence de cette solution.

Les matériaux à base de fibres ne sont pas toujours imperméables, alors que le plastique excelle dans ce domaine. Par ailleurs, les entreprises sont réticentes à utiliser des bouteilles en papier doublées de plastique dans la mesure où le papier ne pourra peut pas être recyclé. L'étude approfondie de ces nouvelles solutions montre que certaines d'entre elles ne sont peut-être pas aussi écologiques qu'elles semblaient l'être au départ.

Face à ce constat, de nombreuses entreprises préfèrent utiliser des emballages monomatériaux afin de simplifier le processus de recyclage. Les marques cherchent à obtenir des emballages 100 % recyclables en utilisant un nouveau matériau ou en passant au papier. Des projets tels que Holy Grail 2.0 s'efforcent d'améliorer l'efficacité du recyclage en utilisant des codes-barres invisibles, mais leur réussite devra s'appuyer sur la collaboration de l'ensemble du secteur.

La disponibilité de PP recyclé de qualité alimentaire est l'un des plus grands défis auxquels nous devons faire face en tant que fabricants d'étiquettes IML en PP. Pensez-vous que le PP a un avenir dans l'univers de l'emballage ?

Oui, je pense que ce matériau continuera d'être utilisé, même s'il devra relever certains défis. En 2022, le Royaume-Uni a introduit une taxe sur les emballages en plastique dont le contenu recyclé est inférieur à 30 %. Mais étant donné que l'offre de PP recyclé est très faible, il peut parfois être plus rentable de payer la taxe que d'utiliser du contenu recyclé.

Je pense que le secteur se trouve à un carrefour décisif où le choix entre recyclage chimique ou mécanique s'impose. Nous disposons de l'infrastructure nécessaire au recyclage mécanique, même si elle doit encore être améliorée sur la plupart des marchés. En revanche, le recyclage chimique en étant encore à ses prémices, ses performances doivent être étudiées de manière plus approfondie. Pour l'instant, les principales préoccupations portent sur le coût et l'impact environnemental.

La demande de PP recyclé et d'autres types de plastiques continuera d'augmenter à mesure que les marques s'efforceront d'atteindre leurs objectifs de durabilité. La demande augmentant plus vite que notre capacité à recycler, il sera difficile de satisfaire ces besoins croissants si nous ne trouvons pas des moyens plus efficaces de nous approvisionner en PP recyclé de qualité. Heureusement, de nouvelles solutions sont disponibles, comme la technologie NextCycle IML, ce qui permettra d'optimiser la valeur du PP recyclé et contribuera sans aucun doute à façonner un avenir meilleur.

Que pensez-vous des emballages créés à partir de plastique et de carton ?

La principale difficulté inhérente à cette solution concerne la séparation des matériaux au moment du recyclage. Les Britanniques utilisent une combinaison de papier et de plastique pour les emballages des produits laitiers et des plats à emporter, notamment sur le marché des sandwichs. Les sandwichs doivent souvent être protégés par un opercule en plastique, ce qui complique le processus de recyclage. Malgré les tentatives visant à encourager les consommateurs à séparer l'opercule du reste de l'emballage, le papier, le plastique et les aliments finissent tous dans le même bac.

Selon vous, que nous réserve l'avenir du secteur de l'emballage ?

Le secteur de l'emballage fera du développement durable sa priorité. Il semble inévitable que de nombreuses idées d'emballages durables voient le jour. Il y aura toutefois un certain prix à payer, car à mesure que les marques et les détaillants se concentreront sur des objectifs de durabilité, d'autres fonctionnalités telles que la facilité d'ouverture et de fermeture seront moins courantes. Dans cette course à la durabilité, de nombreuses fonctionnalités bien pensées sont en effet reléguées au second plan. Nous vivons une époque où les consommateurs condamnent les excès. Les mentalités ont changé et nous devons trouver un compromis qui satisfait à la fois les consommateurs soucieux de l'environnement et ceux qui recherchent la commodité.